LEMONDE.FR avec AFP et Reuters 25.08.08 11h25
Les députés russes étaient appelés, lundi 25 août, à se réunir en séance extraordinaire pour se pencher sur le statut des deux républiques séparatistes géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. A l'issue de la séance, un vote sera organisé, qui devrait voir la Douma appeler à une reconnaissance par la Russie de l'indépendance des deux républiques. Le Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement russe, qui a entamé un débat sur ce texte, s'est déjà prononcé, lundi matin, à l'unanimité, pour une reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.
"La Russie a respecté pendant plus de quinze ans l'intégrité territoriale de la Géorgie", a déclaré le président du Sénat, Sergueï Mironov, à l'ouverture de la séance. "Aujourd'hui, après l'agression de l'Ossétie du Sud par la Géorgie, les relations ne seront jamais plus les mêmes", a-t-il ajouté, qualifiant de "génocide" l'offensive des forces géorgiennes dans cette république sécessionniste.
REUTERS/DENIS SINYAKOV
Lors d'un rassemblement public à Tskhinvali, jeudi 21 août , les habitants d'Ossétie du Sud se sont prononcés sur l'indépendance de leur province.
AFP/DIMITAR DILKOFF
Un manifestant géorgien brandit un drapeau national lors d'une manifestation antirusse près du village d'Odzisi, jeudi 21 août.
C'était ensuite à la chambre basse, la Douma, de se pencher sur un texte similaire. Le parti pro-Kremlin, Russie unie, largement majoritaire au Parlement, a d'ores et déjà appelé ses membres à voter la reconnaissance. Une source au sein du parti Russie unie a assuré que la résolution serait adoptée. La décision revient donc désormais à l'exécutif, et notamment au président, qui n'est pas obligé de se conformer au vote des parlementaires. Il reste donc à savoir si les autorités russes sont prêtes à aggraver la crise qui oppose Moscou à la Géorgie.
RISQUE DE TENSIONS SUPPLÉMENTAIRES
Cette dernière a d'ailleurs fait savoir qu'elle s'opposait à toute réduction de son territoire. Une reconnaissance par la Russie des deux provinces géorgiennes serait une "tentative de changer les frontières de l'Europe par la force" qui aurait des "résultats désastreux, y compris pour la Russie", met en garde le président géorgien, Mikheïl Saakachvili, dans un entretien à Libération. " . "Je ne crois pas que quelqu'un dans la communauté internationale sera assez irresponsable pour l'accepter", a-t-il ajouté. A ce jour, aucun pays n'a reconnu l'indépendance des deux provinces.
L'Ossétie du sud et l'Abkhazie avait officiellement émis des demandes d'indépendance à la Russie la semaine dernière. Le 14 août, Dmitri Medvedev avait prévenu que la Russie soutiendrait leur droit à l'autodétermination. Il se peut néanmoins que le Kremlin, ainsi qu'il l'a déjà fait dans le passé, ne donne pas suite aux résolutions adoptées par les deux assemblées, qui risquent d'exacerber les tensions avec l'Occident, mais qu'il s'en serve comme monnaie d'échange et comme moyen de pression dans ses tractations futures avec les Occidentaux.
Cette séance extraordinaire du Parlement russe intervient au lendemain de l'annonce de la présidence française de l'Union européenne, qui a négocié un cessez-le-feu dans le conflit russo-géorgien, de convoquer le 1er septembre une réunion des dirigeants européens pour discuter de la crise et réexaminer les relations du bloc avec la Russie.
Le sommet européen va devoir "régler politiquement les choses", selon Bernard KouchnerLe sommet européen extraordinaire convoqué par la France le 1er septembre est destiné à "faire le point sur le retrait des troupes russes de Géorgie et parler de l'avenir", a déclaré lundi 25 août le ministre des affaires étrangères français, Bernard Kouchner, depuis Beyrouth, où il était en visite officielle, à France Inter. Pour lui, la présidence française de l'Union européenne a "évité le pire en obtenant un cessez-le-feu et le retrait de l'immense majorité des troupes russes, mais il reste des problèmes". "On ne parle pas de sanctions", à l'égard de Moscou, a-t-il ajouté. "Il y a une manière de corridor où [la Russie] patrouille", a expliqué le ministre. "Il faut aussi contrôler cela", a-t-il poursuivi. "Il nous faudra, et ce sera plus facile après cette réunion des chefs d'Etat, envoyer des observateurs par l'intermédiaire de l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] mais également des observateurs de l'Union européenne". – (Avec AFP.)
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/08/25/la-russie-pourrait-bientot-reconnaitre-l-ossetie-du-sud-et-l-abkhazie_1087410_3214.html
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