Par Hugues HONORE AFP - il y a 22 minutes
WASHINGTON (AFP) - L'idée d'employer l'arme économique pour sanctionner la Russie après ses opérations militaires en Géorgie se heurte à des limites pour les Etats-Unis, rendant la menace peu efficace, selon des experts.
Le candidat républicain à la présidence John McCain a beau réclamer des sanctions, il paraît difficile d'en imposer à un membre du Conseil de sécurité de l'ONU avec lequel les Etats-Unis négocient sur l'Iran.
"Il est improbable que les Etats-Unis imposent à la Russie l'une des sanctions habituelles parfois dictées aux voyous internationaux", estime Stephen Sestanovich, expert de la Russie au Council on Foreign Relations à Washington.
Mercredi, le président américain George W. Bush a prévenu Moscou que son soutien à l'entrée de la Russie "dans les structures diplomatiques, politiques, économiques et sécuritaires du XXIe siècle" était "menacé" par ses agissements en Géorgie.
La Russie n'est pas membre d'institutions comme le G7, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l'Otan.
Mais la menace de ne pouvoir accéder à l'OMC a perdu beaucoup de son poids après l'échec retentissant des récentes négociations sur le cycle de Doha.
L'idée de sanctions se heurte à de sérieux obstacles, selon Blake Marshall, vice-président de PBN Company, une société d'expertise stratégique sur la Russie et les Etats de l'ancienne URSS, interrogé par l'AFP.
"Dans une économie mondialisée, il faut avoir un accord uniforme à travers le globe pour voir des sanctions atteindre vraiment leur but. C'est un objectif très difficile", rappelle-t-il.
De plus, selon lui "l'expérience montre que les sanctions unilatérales non seulement ne marchent pas, mais ont plutôt pour effet de punir les entreprises américaines".
Une autre limite tient à la nature des rapports commerciaux entre la première et la onzième économie mondiale, reposant principalement sur les ressources naturelles.
"L'essentiel de l'économie russe, c'est le pétrole. Nous avons essayé aux Etats-Unis de réduire notre dépendance au pétrole, mais nous n'avons pas réussi et nous ne pourrions pas mettre fin aux importations de pétrole russe", souligne Nina Hachigian, de l'institut American Progress.
Dans l'ensemble, la Russie n'a été que le 20e exportateur vers les Etats-Unis et le 30e importateur de biens américains en 2007. Elle représentait seulement 1,4% du commerce extérieur américain en juin 2008, contre 11,2% pour la Chine et 19% pour l'Union européenne.
Selon Mme Hachigian, "les sanctions sont vraiment une mauvaise manière d'aborder le problème, parce qu'il est difficile de penser que les alliés européens des Etats-Unis donnent leur accord, eux qui sont encore plus dépendants du pétrole et du gaz russe".
Elle suggère plutôt d'"imposer des sanctions aux dirigeants eux-mêmes, ce que font les Etats-Unis à d'autres pays, comme le Soudan ou la Corée du Nord".
L'opposant Garry Kasparov, dans une tribune au Wall Street Journal vendredi, a également évoqué cette possibilité en affirmant que "la coterie qui règne au Kremlin a des intérêts vitaux, à savoir des actifs, à l'étranger et (que) ces intérêts sont vulnérables".
http://fr.news.yahoo.com/afp/20080816/tbs-conflit-f41e315.html
Isoler Moscou, une option difficile à tenir pour les Etats-Unis
Par Sue Pleming Reuters - il y a 50 minutes
WASHINGTON (Reuters) - Isoler Moscou en réponse à son incursion en Géorgie n'est pas tenable sur le long terme pour l'administration Bush: la Russie est tout bonnement trop importante pour les Etats-Unis, selon les analystes.
Washington a beaucoup à perdre si d'aventure les relations américano-russes retrouvaient leur niveau de la Guerre froide: de la coopération sur les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, aux accès vers l'Asie et l'Afghanistan sans oublier le fait que la Russie est un gros pourvoyeur d'hydrocarbures et de gaz.
"Je n'ai jamais pensé que nous étions très efficaces quand nous manions le bâton et la carotte avec une nation aussi grande que la Russie", explique James Collins, ancien ambassadeur américain en Russie, qui travaille aujourd'hui à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
"Nous n'avons jamais gagné grand chose à ne pas parler aux gens qui sont différents de nous", ajoute-t-il.
"Il me semble qu'il faudrait une sacrée bonne raison pour rompre les liens avec la Russie et revenir aux heures sombres de la Guerre froide. Je ne pense pas que les événements (en Géorgie) nous fournissent encore cette raison", estime de son côté Charles Kupchan du Council on Foreign Relations.
"Les deux parties ont bien trop besoin l'une de l'autre", juge-t-il.
Depuis le début de la crise ouverte entre la Russie et la Géorgie, la réponse américaine a été surtout rhétorique. Très peu de décisions concrètes sont venues marquer la désapprobation des Etats-Unis, qui ont toutefois exclu Moscou de discussions au sein du G8 et annulé un exercice naval conjoint.
Vendredi, le président Bush a haussé le ton contre les Russes vendredi, jugeant "absolument inacceptables" leurs opérations militaires en Géorgie.
"DÉGÂTS"
George Bush comme sa secrétaire d'Etat Condoleezza Rice ont prévenu la Russie que son intervention dans l'ancienne république soviétique handicapait sa candidature au sein d'organismes internationaux comme l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Si la Russie veut commencer à réparer les dégâts qu'elle a causés à ses relations avec les Etats-Unis, l'Europe et les autres nations, si elle veut restaurer son rang sur la scène mondiale, elle doit mettre fin à cette crise", a souligné le président américain dans son allocution hebdomadaire.
Condoleezza Rice, experte en affaires soviétiques et bilingue en russe, a évité Moscou cette semaine alors qu'elle s'est rendue en Géorgie après une brève escale en France.
Le département d'Etat fait savoir régulièrement qu'elle s'entretient avec son homologue russe Sergeï Lavrov mais c'est aux côtés du président géorgien Mikhaïl Saakachvili qu'elle a passé toute la journée de vendredi.
Les relations bilatérales se sont détériorées graduellement ces dernières années. Les pommes de discorde sont nombreuses, comme le projet de bouclier anti-missiles que les USA ont proposé à la Pologne et la République tchèque ou le soutien apporté à l'indépendance du Kosovo et à la candidature de la Géorgie à l'Otan.
Après des mois de blocages, Washington et Varsovie ont signé jeudi soir un accord autorisant le déploiement d'éléments du bouclier sur le sol polonais, ce qui ne va rien arranger aux relations américano-russes. "Le timing n'a rien d'accidentel", commente Charles Kupchan.
Pour les autorités américaines, il faut trouver le bon équilibre entre punir la Russie ou prendre le risque de ne rien faire au motif que Moscou est un partenaire stratégique.
"Nous ne pouvons pas perdre de vue ce qui est en train de se passer, à savoir que, pour la première fois depuis que l'Union soviétique s'est effondrée, des soldats russes ont envahi et occupent un pays tiers", dit l'ancien haut responsable du département d'Etat, Strobe Talbott, aujourd'hui président de la Brookings Institution.
"Mais isoler la Russie ne fait pas vraiment partie des options possibles. La Russie ne peut pas être isolée, elle est trop grande, trop puissante", reconnaît-il.
Version française Laure Bretton
http://fr.news.yahoo.com/rtrs/20080816/twl-usa-russie-bd5ae06.html
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment